Voir aussi : En famille, Le père, La mère, Les femmes, Les amies prostituées
Les textes de cette page sont tous extraits du livre "Questions autour de l'homme réel" de François Ader
Mon père, un bon despote
Mon père était un despote, certes, comme beaucoup de
gascons, mais un homme bon, vraiment bon, et surtout un passionné de la vie,
professionnel actif, heureux dans son travail, d'une grande indépendance
d'esprit, dont les convictions « dreyfusardes » avaient failli compromettre, en
1898, son mariage avec ma mère… Où donc allait se nicher leur culte de
l'obéissance ?
Le culte de l’obéissance
Il y avait en effet chez mon père un culte pour
l'obéissance. … Chez mon père, dans un légalisme juridique qui ne lui faisait
accepter aucune transaction – ce qui lui valut des animosités – et que
soutenait une droiture absolument parfaite dont j'aime la rigueur, …
Jean Ader et son épouse Alice Guérin |
Je n'eus pas de père pour moi
Mon père … était au plus haut point, à un point excessif,
un homme de devoir, de droiture, d'intransigeance même. Je n'eus pas de père
pour moi, je fus en quelque sorte un cadeau pour ma mère. Mon père, après
s'être très activement occupé des quatre ainés, paraît-il, s'en remit en
quelque sorte à sa femme des deux autres, et plus encore du septième. « Mes
enfants » disait-il, en souriant quand même, des quatre premiers ! Et « tes
enfants », en regardant ma mère, quand il s'agissait des trois autres…
l'affabulation traduit bien ce que fut – pour moi – ce « père absent ». Ce père
qui suscitait en moi la terreur. Que j'adorais pourtant.
Le petit groom
Jean Ader avec Jean Ader fils de son fils Maurice |
Ainsi naquit l’enfant soumis
Pourquoi ce désintérêt de mon père, dont cinquante années
me séparaient, … et dont j'avais, tout jeune, une sorte de terreur ? Peu
importe. J'ai tant reçu d'eux par ailleurs, et d'abord la Vie ! Ce que je veux
ici faire entrevoir, c'est qu'alors se forgea ma pente à « l'adhésion » quoi
qu'il en coûte – car il ne fallait surtout pas perdre l'amour de ceux qui
m'entouraient : c'étaient « eux » « mon » existence – et qu'ainsi naquit
l'enfant « soumis » qui tente aujourd'hui tant bien que mal de « vivre », non
pas rebelle, mais autonome.
Déceler le père sous le despote
Nous avons dû nous épier l'un l'autre, moi cherchant à
déceler le père sous le despote, lui se demandant sans doute ce qu'allait
devenir ce petit dernier, trop caché derrière sa mère, et dont il disait :
« Je me fais l'effet d'une poule qui
a couvé un canard… ». … Je trouve pathétique cette situation du rêve.
Elle m'émeut en tout cas profondément. Lui me parle comme à un égal, il me fait
une confidence importante. Il ne sait pas qu'il parle à son fils. Moi seul le
sais, et je suis bouleversé de sa vérité. J'aimerais tant, tant, qu'il sache
que je me sens de plus en plus près de lui. Et de ce désir qu'il avait,
symbolique à mes yeux, que je sois médecin…
Jean Ader avec sa belle fille Françoise, puis lors des vendanges a Poliné
Jean Ader avec sa belle fille Françoise, puis lors des vendanges a Poliné
Les textes de cette page sont tous extraits du livre "Questions autour de l'homme réel" de François Ader
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