Voir aussi : En famille, Le père, La mère, Les femmes, Les amies prostituées
Les textes de cette page sont tous extraits du livre "Questions autour de l'homme réel" de François Ader
Jeannette
Il y avait, parmi ces enfants de la campagne, une fille
d'un an mon aînée, vive, primesautière, qui était en fait la meneuse du groupe.
Nous allions souvent au village ensemble, tous deux sur mon vélo. Quand il fut
décidé que je deviendrais interne, je dus apprendre des rudiments de Grec. Ce
fut le curé du village qui se chargea de cette initiation. Ce saint homme,
digne et bon, me dit alors si mes souvenirs sont exacts : « A votre âge,
François – presque 13 ans – il ne faut plus venir avec Jeannette sur votre
bicyclette ». Jeannette me guettait alors à l'entrée de sa ferme et son père la
réprimandait : « Tu sais bien que M. le Curé ne le veut pas… » Mais cela, je ne
l'appris que beaucoup plus tard, car une fois collégien, pubère et destiné à
Dieu, mes rapports avec mes amies d'enfance ne furent plus que des approches de
très loin, timides, peureuses, cachées, qui préfiguraient déjà mes difficultés
à venir, et dont je garde un bien triste souvenir.
Ardent, aussi, mon attrait pour les femmes
Ardent, aussi, mon attrait pour les femmes, me portant à
des curiosités dont je me sentais ensuite affreusement coupable, ne trouvant
personne alors qui puisse me dire ma normalité et n'ayant d'autre ressource que
d'aller, tout malheureux, tout bouleversé, me faire « pardonner »…
Faire de l'auto-stop avec des femmes seules
Je me mis à faire de l'auto-stop avec des femmes seules,
les choisissant au volant de voiture à deux places, plutôt jeunes, attendant
parfois des heures, obsessionnellement, que se présente l'occasion de cette
petite cellule, de cette matrice, dont le sens apparaît sans peine, mais ne
m'était pas clair alors. …Une fois trouvée l'occasion, heureux de cette
situation si porteuse en elle-même de signification, et qui me permettait
d'échanger, « conduit » par une femme, et protégé, je
« respirais ». Et même si l'occasion ne s'offrait pas, l'incroyable
pression intérieure à laquelle je tentais ainsi d'échapper baissait au fil des
heures d'attente…
J’attends de l’amour et j’ai peur en même temps.
J'attends avidement de l'amour et j'ai peur en même temps,
très peur, dès que s'approche cet amour, j'ai même tendance, alors, à ne pas y
croire, à le suspecter, voire à l'exclure. Je ne marche pas si les choses ne
sont pas comme je l'entends. Et surtout, surtout, si l'occasion s'offre d'un
espace, d'un champ libre, pour l'expression d'un désir, et pour sa mise en
œuvre, alors le désarroi m'assiège, la confusion m'envahit, une grille tombe,
se verrouille, des sirènes se déclenchent, comme si la liberté n'était qu'une
attaque, un péril, et moi-même un homme en danger.
Un sentiment très vif pour une femme
J'avais éprouvé peu de temps auparavant, sans en avoir une
claire conscience, un sentiment très vif pour une femme sans que rien, malgré
bien des occasions, n'aboutisse à des réalisations concrètes, pourtant fort
attendues je l'appris beaucoup plus tard…
Tous ces rêves, il n'y a pas de doute, visent une personne aimée, tout à fait réelle
Bien sûr, c'est d'une femme réelle qu'il est question dans
treize de ces rêves sur les trente neuf que j'ai racontés ... D'une femme bien
précise, avec ses souliers, ses enfants, nos souvenirs, et qui fut d'un tel
rôle dans ma vie. C'est de ce qu'elle me fuie dans une session que je suis très
affecté le 26 juillet, c'est parce qu'elle cesse de travailler avec moi que j'en
ai gros le cœur le 10 août, … c'est elle que je veux rejoindre le 24 août… Tous
ces rêves, il n'y a pas de doute, visent une personne aimée, tout à fait
réelle.
Rupture, déchirements
Après plusieurs années d'analyse, cette femme, à plusieurs
reprises, posera sans préavis, de façon vitale, instinctive – fondamentale pour
elle – des actes parfois abrupts de distance à mon égard qui détermineront en
moi des semaines, parfois des mois, de déchirements, et qui seront autant
d'amorces irremplaçables, pour moi-même, de découvertes indispensables, et
l'occasion de me rendre peu à peu compte, douloureusement, que je ne sais pas
être un « partenaire », égalitaire, que je ne peux être, tant je vis
dans l'angoisse, que « dominateur ».
Rêve, Je veux offrir des fleurs à une femme
Un rève Je veux offrir des fleurs à une femme. Je lui ai demandé si cela lui ferait plaisir : elle m'a dit oui. Je fais faire un bouquet avec des tiges, comme des tiges de céleri, qui s'emboîtent les unes dans les autres, enchevêtrées en anneaux. Cela fait comme une grande tige. Et puis, quand je viens pour offrir mon bouquet, sans m'en rendre compte, je le mange…
Rêve bref, et d'un sens possible qui se fait voir sans
peine … En fait, c'est avec un phallus que j'arrive, un phallus que je mange,
sans même m'en rendre compte, quand il s'agit de l'offrir. Trop d'expériences
sont là pour ne pas m'y faire voir l'expression de mon impuissance, de ma peur
profonde de la femme.
Voir aussi : En famille, Le père, La mère, Les femmes, Les amies prostituées
Les textes de cette page sont tous extraits du livre "Questions autour de l'homme réel" de François Ader
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