samedi 14 juillet 2012

Religieux

Voir aussi : Religieux Personnalités, Jésuites, Célébrités
Les textes de cette page sont tous extraits du livre "Questions autour de l'homme réel" de François Ader

Jean-Paul II, pape

Le pape s’exprime sur les Jésuites

Je tremble de voir rappeler, avec une sorte de sentiment d'évidence, que « les jésuites appartiennent à un corps universel et se trouvent momentanément dans telle ou telle communauté locale » : « momentanément »… De voir dire avec aisance que « le temps des entreprises personnelles non reliées au corps approche de son terme » : qu'est-ce donc que le lien avec le « corps » ? J'ai peur – oui : peur – devant ces grandes considérations d'ensemble formulées de si haut.

Le voyage de Jean-Paul II en Irlande et aux États-Unis

Le premier voyage de Jean-Paul II, en Irlande et aux États-Unis, a été pour ce Pape l'occasion de s'exprimer sur les questions touchant à la vie sexuelle et affective de l'homme : Non au divorce, Non à la contraception, Non à l'avortement, Non au mariage des prêtres, Non au sacerdoce des femmes, Non à l'homosexualité… « Oui à la tolérance », ajouta perfidement un dessin satirique. Ce fut un coup pour beaucoup d'entendre cet amalgame de questions profondément différentes qui n'avaient d'autre lien que leur rapport à la sexualité et le fait d'être globalement interprétées comme autant d'indices d'une même perversion. 

Mgr Illich, évêque 

J'y ai lu, sous la plume d'un prêtre absolument pas contestataire, dans une lettre qu'il adressait à son évêque, ces mots bouleversants concernant les quatre-vingt-cinq questions soumises alors par Rome à Monseigneur Illich et auxquelles j'ai déjà fait allusion lorsque j'ai parlé de conduites aussi dictatoriales vis-à-vis d'autres prêtres, et de théologiens notamment :
" Je suis indigné et profondément scandalisé. Non, ce n'est pas possible, ce ne peut être cette Église dont je suis ministre, qui redonnait et accepte ce que le Saint-Office vient de réaliser vis-à-vis de Mgr Illich.Je ne connais pas « Illich », je ne connais pas les problèmes d'Amérique latine, mais ces quatre-vingt-cinq questions que je viens de lire me donnent une véritable nausée. Je suis littéralement bouleversé, je me sens atteint au plus profond de mon sacerdoce."

Guy Riobé, prêtre, évêque 

Je pense à Monseigneur Riobé et à sa dernière visite à Rome. Tancé la veille pendant plus d'une heure par Monseigneur Bénelli, comme « un gamin qui s'est mal comporté », semoncé par Paul VI durant quelques minutes d'entretien personnel, et alors averti du « non » catégorique au souhait qu'il avait émis de voir l'Église envisager d'ordonner prêtres des hommes mariés, il remet au Pape sa démission d'évêque. Puis « il se met à marcher, hébété, des heures durant, dans les rues de Rome ». Il décide d'aller prier, le lendemain matin, avec la fondatrice des petites sœurs, Sœur Madeleine, qu'il connaît bien.
C'est là qu'arrive à le localiser enfin Monseigneur Bénelli qui décide de venir l'y rejoindre le lendemain. L'entretien durera deux heures. Guy Riobé, depuis deux jours, a beaucoup prié. C'est lui, cette fois, qui prend avec Mgr Bénelli la direction de la conversation. « Il impose d'abord un moment de prière, lit un passage de Saint Paul, invoque le Saint-Esprit. Puis il demande des explications. Mgr Bénelli lui ouvre un dossier où Guy-Marie Riobé est stupéfait de trouver des textes de lui, des exposés faits à de petits groupes, des lettres très privées, des éléments de sa vie… ». Sainte Église catholique romaine !

Cardinal Pellegrino

Je trouve à cette impasse un élément de réponse dans les propos du Cardinal Pellegrino. Interrogé de façon très directe, cet ancien archevêque de Turin s'exprime fort librement sur des questions brûlantes actuelles. « Comment expliquez-vous la peur de parler », lui demande son interlocuteur ? « Une fausse humilité, un certain esprit d'obéissancePeut-êtreQui peut le dire ? C'est un fait que la franchise, à laquelle je me réfère souvent, est très rare dans l'Église d'aujourd'hui… ». A propos du style d'intervention des Congrégations romaines : « Dans l'Église il n'y a pas assez de respect pour la liberté. Je comprends qu'on ait peur des désordres, peur des dégâts causés à l'Église. Mais je crois que cette peur agit à fin contraire et qu'elle est disproportionnée à la réalité. Il n'y a pas de liberté de parole et d'écrit ».

Edouard Schillebeeckx, dominicain, théologien 

Je vais me référer pour cela à deux dimensions dont Edouard Schillebeeckx explique, dans son récent ouvrage sur « Le Ministère dans l'Église », qu'elles ont historiquement agi pour fonder l'obligation du célibat sacerdotal. La première est la résurgence, dans les communautés chrétiennes des premiers siècles, des lois de pureté rituelle formulées dans certains livres de l'Ancien Testament et dont le paganisme d'alors se faisait l'allié en voyant dans le temps fort de la relation sexuelle une perte de raison. Il n'était pas possible, pensait-on, qu'un prêtre monte à l'autel après qu'il se fut « souillé », la nuit même, dans le commerce charnel. Une loi liturgique décida donc d'interdire aux prêtres, cette nuit-là, la pleine expression de leur amour conjugal. Continence qui dut donc devenir totale – du moins en théorie, mais la loi n'était que peu suivie, et l'autorité le savait – lorsque, vers la fin du IVe siècle, on commença de célébrer quotidiennement l'eucharistie.

HansKüng,  théologien

Il me tient à cœur, aussi, de dire ce que je dois au tout petit « Être chrétien » de Hans Küng. J'ai ressenti ces 80 pages comme une « bonne chose », je les ai reçus comme une réponse. J'ai notamment aimé qu'y soit si bien située la « justification par la foi » et qu'il y soit précisé : « Ce qui importe à l'homme, en fin de compte, face à tous les appels à l'action, ce ne sont pas ses réalisations, c'est, au contraire, sa confiance absolue en Dieu, dans le bien comme dans le mal, c'est-à-dire sa confiance dans un sens ultime donné à sa vie ».

Mémoires de l'abbé Oraison

Il faut lire à cet égard, dans les Mémoires de l'abbé Oraison, les propos qu'il entendit de la bouche même du très estimable Cardinal Ottaviani : « Pour les difficultés sexuelles, des spaghettis et la peur de l'enfer… » On sourit. Mais c'est la thérapeutique qui a prévalu pour des générations. Et que ne dément pas tellement, dans des termes plus choisis, tel document d'il y a quelques années seulement.

Voir aussi : Religieux PersonnalitésJésuitesCélébrités

Les textes de cette page sont tous extraits du livre "Questions autour de l'homme réel" de François Ader

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire