Les textes de cette page sont tous extraits du livre "Questions autour de l'homme réel" de François Ader
Trois enfants en moi
François Ader avec Chloé Ader fille de Martin son neveu |
Y veiller, est-ce se raidir frileusement en face de l'ombre.
Je ne m'en étonne pas. Il est dans la foulée d'une
intervention, puis d'un langage, qui visent à « restaurer » avant
même d'avoir « entendu ». Je suis bien d'accord que le climat décrit
– et qui ne me semble être qu'une face du réel – peut effectivement « dissoudre des convictions, corroder les
énergies intérieures, affaiblir la vigueur et la permanence des engagements
durables, éprouver des fidélités tenues pour négligeables »… « Si l'on n'y veille », dit le texte.
Mais « y veiller », est-ce
se raidir frileusement en face de l'ombre. Ne serait-ce pas voir aussi qu'il y
a du soleil. Et surtout, surtout, chercher à comprendre, chercher le sens, de
ces jeux d'ombre et de lumière.
J'ose être, un peu
J'ai peur, bien sûr. Les découvertes dont je viens de
parler, elles sont encore trop fraîches. Je me sens encore dans la glu du
marginal, du contestataire. Glu salvifique : c'est là seulement, jusqu'à
présent, que j'ai fonctionné « selon
mon espèce » : selon mon désir. Je voudrais que s'ouvrent enfin
les vannes, et que la pression des eaux, par cette écluse, me fasse naviguer au
calme, maître du moins de ma barque, et sur le cours du fleuve : plus
seulement dans les rapides, les bouillonnements ou les dérives. Mais où, quand,
comment ? C'est encore pour moi l'inconnu. Mais le désir, quand même, a
déjà fait des brèches. J'ose être, un peu, et m'en reconnaître, un peu du
moins, un peu seulement, quelque droit.
C'est assez maintenant d'avoir vécu ceux des autres. C'est pour moi qu'il faut agir
François fait une pause en plaine écriture |
Goût de vivre
« Pouvoir » être là, parler, entendre, respirer,
aimer, agir, voir, jouer : « pouvoir » vivre, tel me semble être
d'abord le problème du « Goût de vivre », avant même d'envisager
d'alimenter ce goût par des « raisons de vivre ». Je me suis de plus
en plus intéressé à ce qui pouvait faire obstacle à cet accueil, à ce déploiement
en soi de la Vie. Les émissions de Daniel Karlin sur Bettelheim, les réflexions
de Françoise Dolto sur l'Évangile, je les ai vues, lues, et j'ai écrit sur
elles, dans le mouvement même qui me rendait attentif aux émissions
d’« Holocauste », à la personnalité de Guy Marie Riobé, et qui me
poussait à en écrire aussi : le respect de la vie et de son développement.
Ce que j'aimais justement chez Alfred Delp, chez Teilhard. Tout cela résonnait
en moi-même, y constituait une raison de vivre…
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